La Résistance sur le Lévézou
Retrouvez ici l’histoire de la Résistance sur le Lévézou pendant la Seconde Guerre Mondiale : les événements majeurs, les maquis, les témoignages, la carte des stèles et monuments commémoratifs du Lévézou…
Les stèles du Lévézou
Durant l’été 1944, l’Aveyron et particulièrement le Lévézou ont été le théâtre de combats opposant l’occupant nazi aux résistants.
Sur le Lévézou, on déplore 48 victimes dont 22 civils entre juin et août 1944.
A la fin de la guerre, 16 stèles ont été implantées sur les lieux de combats et de massacres en mémoire des victimes de la guerre. C’est sur le Lévézou que l’on trouve le plus grand nombre de stèles mémorielles en Aveyron.
Téléchargez la carte « Chemin de mémoire » pour connaître l’histoire liée à chaque stèle du Lévézou.
A chaque stèle sa triste histoire
LA REPRESSION DES CIVILS - 18 juin 1944 à Villefranche de Panat et Saint Martin des Faux
A Villefranche de Panat - Le long de la D44 à proximité du hameau de la Jasse
Inscription : A ÉTÉ TUÉ PAR LES ALLEMANDS LE 18 JUIN 1944
CHAUZIT JOSEPH ÂGÉ DE 14 ANS DE MONTBAZIN HÉRAULT
C’est le 8 juin 1944 que le maquis Jean-Pierre installa son Poste de Commandement à La Besse
(Villefranche de Panat) dans les bâtiments de l’école des frères des Ecoles Chrétiennes et cantonna ses troupes dans les fermes environnantes.
Une véritable vie de garnison ne tarda pas à s’établir dans le village où la population s’habitua peu à peu à voir cette jeune troupe défilant ostensiblement au pas et en chantant. C’est tard dans la soirée du 17 juin que la résistance et les responsables du maquis Jean-Pierre furent prévenus de l’imminence d’une attaque des occupants qui eut en effet lieu le lendemain à l’aube.
Dès le milieu de la matinée du 18, les premiers coups de feu retentirent dans à peu près toutes les directions, annonçant l’arrivée des troupes allemandes descendues de camion à quelques kilomètres de Villefranche et se déployant en tirailleur pour encercler étroitement l’agglomération.
3 jeunes gens qui gardaient les vaches non loin de la ferme du Puech, surpris par l’arrivée des camions militaires, se mirent à courir, ce qui déclencha le feu de l’ennemi. Le jeune Joseph Chauzit, 14 ans, originaire de Montabazin (Hérault), grièvement blessé, devait décéder quelques heures après à l’école de La Besse où il avait été transporté. Ses deux camarades Roger Malié, blessé d’une balle au thorax et Sanch de Lecous, indemne, durent leur salut à la fuite.
Le bilan ne s’arrêta pas là puisque deux jeunes gens d’origine lozérienne, Abel Bonnet et Camille Meissonier, furent aussi tués par les allemands ce même jour à quelques kilomètres. Ils étaient réfractaires au STO, ils ont été fusillés alors qu’ils tentaient de s’évader. La stèle se trouve à la sortie de Villefranche de Panat en direction de Bouloc.
A Saint Martin des Faux
Le dimanche 18 juin 1944, la paroisse de Saint-Martin-des-Faux (communes de Salles-Curan et d’Arvieu), assiste à la procession de la Fête-Dieu. Les participants sont nombreux, ils chantent, certains portent des bannières. Le cortège se dirige vers la statue de la Vierge dressée sur la colline de Saint-Hyppolite qui domine le village. La cérémonie terminée, chacun regagne sa maison, sa ferme ou le hameau voisin. Un avion passe et repasse à basse altitude, il guide des troupes allemandes qui interviennent dans la région de Villefranche-de-Panat contre un
rassemblement de plusieurs maquis. L’irruption des soldats provoque une panique parmi les habitants. Les hommes fuient à travers champs. Les troupes ouvrent le feu et tuent trois hommes de la paroisse. La mémoire collective a gardé le souvenir de trois civils tués par les nazis. C’est ainsi que la plaque commémorative (qui comporte plusieurs erreurs , au pied du monument aux morts de Saint-Martin-des-Faux, mentionne les noms de Marcel Cazottes de Souyris, âgé de 19 ans, Henri Gaubert d’Aussalesses, âgé de 49 ans et Joseph Vigroux de Bonneviale, âgé de 36 ans.
Hélène Fabre, l’institutrice du village des Faux, raconte la découverte des corps : « Enfin, des ronflements de moteur se font entendre, le village redevient calme mais pour peu de temps : après la peur, l’angoisse, c’est l’horreur qui nous attend … Je m’avance sur le portail de la cour, des gens sortent, mais personne ne comprend, chacun a eu sa maison fouillée, une, deux ou même trois fois. Voilà le curé Barthes, il a l’air très préoccupé et nous lance au passage : « Il y a trois hommes dans le blé près du rocher de la Vierge, les Allemands qui ont la cure me l’ont dit, je vais voir ! » (le curé Barthes connait la langue allemande). (…)
Du haut de la colline il appelle : « Venez, il y a trois hommes morts ici ! ». Aussitôt nous allons le rejoindre. (…) Les deux premiers ont dû être d’abord blessés et aussitôt achevés, mais Joseph Vigroux a dû souffrir un long moment avant de mourir, il s’est débattu et, autour de son corps, l’herbe est arrachée sur un rayon d’un ou deux mètres. (….). »
Le combat des maquis
29 juin 1944,une date cruciale dans l'histoire de Pont de Salars
Cette stèle a été édifiée sur la commune de Prades de Salars, en bordure de la D. 911, au dernier tournant de la route en direction de Viarouge.
Elle est dédiée à la mémoire du maquisard Eugène SOBCZYC, tué au cours d’une embuscade montée après un sabotage de ligne téléphonique souterraine allemande.
Le 29 juin 1944, en matinée, une vingtaine d’hommes du maquis F.T.P. « Alfred Merle » de Coudols effectuent un important sabotage sur la ligne souterraine du téléphone qui, par Albi, Rodez et Millau, relie le P.C. du Général Blaskowitz, commandant le groupement d’Armée « G » à Toulouse au P.C. de la 19ème armée allemande près d’Avignon. Ils le pratiquent en un point qui peut permettre un double objectif : coupure des communications téléphoniques sur une ligne importante, récupération éventuelle de quelques armes qui font défaut.
Le sabotage effectué, le groupe ne quitte pas le terrain. Il l’occupe et organise une embuscade contre l’équipe de réparation et le groupe militaire de protection qui ne manqueront pas d’arriver dans les heures qui suivent. Effectivement, quand les Allemands arrivent au point de sabotage, leur camion est pris sous le feu des maquisards. Expérimentés, les soldats allemands se déploient rapidement et le combat s’engage. Il dure une demi-heure, jusqu’au décrochage des « maquis ».
Au cours du combat, le maquisard « Marius » a l’audace de courir au camion allemand en se dissimulant, d’y grimper et d’enlever un fusil mitrailleur. Au cours d’une deuxième tentative pour s’emparer des munitions, il est atteint et tué par une balle ; un de ses camarades est sérieusement blessé.
Du côté allemand, il y a des victimes aussi, notamment la mort de l’adjudant qui commande le détachement.
Conséquence : la population de Pont de Salars durant deux heures, la nuit venue, vivra sous la menace de l’incendie du village. jean Amans, Docteur et maire du village parviendra à les sauver au terme de longues négociations.
Le Maquis de Coudols ou maquis Alfred merle : 28 juillet 1944
Le 28 juillet 1944, le chef du maquis de Coudols répartit les 50 hommes qui forment ce maquis en 3 groupes et, les positionne sur 3 pitons alentours :
- Cadouls
- La ferme des Bouysses
- La Bergerie d’Ourtiguet
Fernand Grimal, dit « Leduc » dernier survivant du maquis témoigne :
« Fatigués par différentes missions effectiées les jours précédents, la plupart des homme s’était endomis ainsi qu eles sentinelles aux avant-postes.
A la pointe du jour, une colonne de camions allemands chargés de dizaines de soldats glissent sans bruit, moteurs arrêtés, sur la route à proximité du sentier menant à la bergerie… Débarqués à 300 ou 400m de la grange, les soldats encerclent la bâtisse, s’approchent en silence, défoncent la porte et tirent à l’arme automatique, saisissant dans leur sommeil 6 francs-tireurs impuissants à réagir :
- Albinet Jules
- Marty Camille
- Guillot Léonce
- Atger René
- Rudelle Paulin
Cinq sont à l’intérieur, ils sont tués l’un après l’autre d’une balle dans la nuque. leurs cadavres sont jetés dans la grange. Des grenades sont lancées à l’intérieur, tout saute et prend feu.
Le 6ème maquisard est achevé sur le chemin.
Les survivants appendront quelques jours plus tard que l’un d’entre-eux, « Marcel », les a trahis. Il a donné aux Allemands la position exacte du groupe qui stationnait à la bergerie d’Ourtiguet, et a même servi de guide.
Tous les autres maquisards ont pu s’échapper et sauver tous les documents et argent du groupe.
Une trentaine de paysans des environs seront arrêtés, interrogés et emmenés en otages à Millau. Ils seront relâchés le lendemain. »
La Bergerie d’Ourtiguet a été reconstruite plus tard par son propriétaire et témoigne aujourd’hui par ses plaques de marbre du sacrifice de nos compatriotes pour la reconquête de la liberté. Chaque année, Fernand Grimal, accompagné de ses copains du Rhin et Danube et de l’ANACR ( Association des Anciens Combattants de la Résistance) viennent fleurir la stèle à la mémoire des victimes.
1er août 1944 - le bois de tries
La stèle est érigée à la mémoire de trois victimes tombées le 1er août 1944 dans un combat d’embuscade contre les troupes allemandes.
L’action envisagée et préparée pour le 1er août sur la D. 911 par les commandants René FABRE et « Antoine » a pour but l’enlèvement du préfet de l’Aveyron, CHAPRON, présumé milicien, qui a remplacé le préfet Louis DUPIECH, arrêté le 14 mai à la préfecture et déporté à Neuengame. Venant de Montpellier, le nouveau préfet rejoint son poste ce jour-là à Rodez.
Ce 1er août, à 5 heures du matin, deux sections VENY du maquis de Villelongue commandées par le capitaine « Olivier » DIET, dont le convoi a cheminé depuis Regardet, puis Villelongue par Salmiech et Curan, ont pris position face à l’est à 3 kilomètres de Viarouge, à l’orée du Bois de Tries, en contrebas de la route nationale et au débouché de la route de Curan. Composé d’une centaine d’hommes, ce dispositif attaque par surprise une colonne allemande, composée de quatre camions, venant de Rodez et se dirigeant vers Millau pour remonter la vallée du Rhône.
Au bout de cinq minutes de combat, le maquis doit faire face à un deuxième convoi composé de deux voitures et de quatre camions. Le combat s’engage, acharné, de part et d’autre de la route et dans les broussailles. Le maquis décroche. Il y a trois tués : René DOBRAZAC, Marcel KELLER, Julien RENARD, qui sera relevé le lendemain, le corps percé de coups de baïonnette. Deux autres maquisards sont gravement blessés. Les pertes allemandes sont très lourdes : plusieurs vingtaines. Le maire de Pont-de-Salars en comptera vingt-deux sur un camion.
Sur ce combat, laissons à Sylvain DIET, le soin de conclure : « Cette opération, minutieusement prévue au départ pour l’attaque d’un convoi présumé milicien, se transforme, au dernier moment, en une intervention improvisée qui, cependant, tourna à notre avantage et fut, d’autre part particulièrement efficace (…) D’abord, le préfet n’était pas du tout milicien (…). D’autre part, ce 1er août, un échange de prisonniers devait avoir lieu au Bois du Four, où attendait le docteur Testor, chef du maquis de Lavernhe (…) et il semble bien que le convoi allemand venait attaquer le docteur Testor et ses maquisards, au Bois du Four. Il est donc probable que l’action du Bois de Tries a sauvé la vie au groupement Testor. »
6 août 1944 - Bonnecombe
Le 6 août 1944 au matin, une colonne blindée de 25 véhicules ou engins qui, la veille a stationné à Réquista, entame sa marche vers Rodez avec pour mission de nettoyer la région des bandes de « terroristes ».
Le matin, le maquis de la Selve lui tend une embuscade, elle pille le village, incendie l’école, tire sur les habitants de Bégon alors qu’ils sortaient de la messe. A Cassagne Bégonhès, 2 hommes sont arrêtés, un sera libéré, l’autre exécuté à Sainte Radegonde le 17 août !
Vers 16h, la colonne arrive près de Bonnecombe, une embuscade a été prévue à la carrière de pierres par deux groupes de l’ORA (celui de Magrin et celui d’Arvieu). Un rocher miné est supposé barrer la route en tombant mais il n’explose pas. Les grenades pleuvent sur les camions ennemis causant des pertes conséquentes : morts et blessés et pertes matérielles. Côté Résistants, 2 soldats des Forces Françaises de l’Intérieur et deux civils sont capturés et exécutés, un troisième maquisard ne survivra pas à ses blessures. En passant à Bonnecombe les soldats allemands pillent et incendient une maison. Cinq jeunes qui se baignaient sont arrêtés, un sixième ensuite à la Primaube. Grace à l’intervention du Dr Bonnefous, maire de Rodez ils seront libérés.
Les victimes de la fusillade :
- Paul Malet, Jean Rouvier et Maurice Jau : soldats des FFI
- Henri Thomas ingénieur des ponts et chaussés et Fernand Raynal de la Primaube.
LA RETRAITE DES TROUPES DE L'OCCUPATION DES 18-19 ET 20 AOÛT 1944
18 août 1944 - flavin - Inières
18 août 1944, à Flavin, les troupes d’occupation allemandes qui se replient vers Millau sont attaquées par une centaine d’hommes commandés par le commandant Brugié et le capitaine Battle du maquis O.R.A (Organisation de Résistance de l’Armée) de Durenque.
Pourquoi ?
D’après les renseignements récupérés par les résistants, les Allemands doivent évacuer Rodez, dans la nuit du 17 au 18 août pour une destination inconnue. Il est donné comme mission à 18h le 17 août 1944 au maquis de l’O.R.A de tendre 2 barrages : l’un sur la route Rodez-Millau, à hauteur de Flavin, un deuxième sur la route de Rodez-Cassagnes, à hauteur du Pont-de-Grandfuel au cas où l’ennemi emprunterait cette route pour rejoindre Albi par Réquista. Les deux unités sont alertées à 20h00.
Une compagnie commandée par le lieutenant Guignette doit barrer la route de Cassagnes.
Une deuxième compagnie, la plus importante, commandée par le capitaine Battle doit barrer la route de Millau, à l’est de Flavin. Si les Allemands prenaient l’itinéraire Rodez-Millau, la compagnie Guignette devait se porter jusqu’à Bois-du-Four par Bouloc pour les harceler.
Vers 4h du matin, un agent en civil envoyé à la Primaube renseigne les maquisards : les troupes d’occupation partent par Flavin.
La compagnie Battle arrive trop tard pour couper la route mais harcèle les troupes d’occupation de 11h00 à 15h00. A 14h50, les dernières voitures allemandes passent à hauteur de Viel Vayssac.
Cet accrochage mérite d’être souligné pour plusieurs raisons :
- c’est le premier combat contre les troupes d’occupation après le massacre de Sainte Radegonde, la veille, le 17 août, il a donc une valeur de symbole,
- cette opération a été exécutée dans un minimum de temps, avec des moyens les plus réduits, des unités fraichement constituées, sans moyens de liaison. Elle a retardé le retrait des troupes d’occupation afin que les autres maquis du Lévézou aient le temps de préparer une grande embuscade à Viarouge,
- ce combat a duré 4 heures ; 100 maquisards se sont battus contre 1 800 Allemands, aucun décès n’est à déplorer.
18 août 1944 - Prades de Salars
Cette stèle est implantée sur la commune de Prades-de-Salars, sur la R.N. D. 911, au lieu-dit Buscastels à 3,5 km de Pont-de-Salars en direction de Millau, sur la crête du talus qui domine la route, à l’entrée ouest du bois de chênes et de hêtres .
Elle a été dressée en l’honneur du Capitaine Guy COUDERC, des F.F.I., près des lieux où, prisonnier otage, il a été abattu en tentant de s’évader.
Le Capitaine COUDERC n’appartenait pas à une unité des F.F.I. de l’Aveyron, mais à une formation des environs de Bédarieux (Hérault). Il était monté à Prades-de-Salars avec le Lieutenant CAZES et sur la moto de celui-ci, pour rendre visite à son père, berger à la ferme de Buerte. Tous les deux étaient en tenue civile.
A leur départ pour l’Hérault, dans la soirée du 18, ils tombent à Buscastels, sur un élément de la colonne allemande en retraite. Faits prisonniers, ils remplacent dans le rôle d’otages Fabre et Bousquet qui l’étaient depuis Flavin et qui sont libérés : COUDERC et CAZES ont donné leur parole de ne pas s’évader.
CAZES a demandé à se rendre à Pont-de-Salars pour affaires personnelles rapides. Un feldwebel, « garde du corps » l’accompagne. A l’entrée de la localité, une voiture en flammes, un barrage… Au lieu de stopper, Cazes fonce dans les chicanes, réussit à passer, à travers le bourg… et continue sur Rodez.
De son côté, le Capitaine COUDERC a cherché à prendre le large, à travers bois en compagnie d’un soldat Azerbaïdjan de l’Ost Légion. La tentative a échoué. Ils seront abattus le 19 août. Inhumés à Pont-de-Salars, tous les deux portaient la trace de deux balles dans le dos.
18 août 1944 - La FrAnquèze
La stèle est érigée à la mémoire de Jean-Louis VERNHET et de Gabrielle PONS, son épouse, fusillés le 18 août 1944, au début de l’après-midi, près de la ferme de La Franquèze.
Les troupes allemandes de Rodez ont reçu le17 août l’ordre de faire retraite immédiate sur Dijon par la vallée du Rhône. Elles quittent le chef-lieu du département le 18 avril. La colonne de 1 200 à 1 500 hommes, se compose de deux éléments : un élément motorisé de motocyclistes, voitures et camions, semi-blindés, qui doit gagner Millau dans la journée, un deuxième élément à pied fera le même chemin en deux jours et demi et trois étapes.
Après des harcèlements successifs avant Pont-de-Salars de la part d’une compagnie et du Groupe Franc du Bataillon de l’O.R.A. (Organisation de Résistance de l’Armée), vers 12 heures, à trois kilomètres de Viarouge en direction de Millau, à la hauteur du Bois de Tries, le premier engin de l’élément motorisé saute sur une mine. Ses occupants sont tués. Les véhicules qui suivent essuient immédiatement les tirs intenses de fusils mitrailleurs et de mitrailleuses d’un détachement du maquis Arête-Saules que commande le Lieutenant ROUBERTIER. Les Allemands enregistrent de nouvelles pertes et les maquisards décrochent.
La ferme de La Franquèse, au milieu des pâturages et des champs, est à quelques centaines de mètres au nord-est de l’embuscade. M. et Mme VERNHET ont vu les maquisards prendre position, entendu l’éclatement de la mine. A leurs cris, ils perçoivent la fureur des ennemis. Craignant pour eux-mêmes, ils quittent la ferme et fuient vers les bois en terrain découvert. Ils sont vus des soldats allemands. Quelques rafales de mitrailleuse les étendent morts, au milieu de leurs champs.
18 août 1944 - Le Baraquet
La fusillade de La Franquèse à quelques centaines de mètres à l’ouest du Bois de Tries, a fait deux victimes, mais elle n’a pas épuisé la fureur des soldats allemands, qui ont été attaqués à deux ou trois reprises depuis Rodez.
Un kilomètre après La Franquèse, au sommet extérieur de la courbe qui, vers le nord, décrit la route nationale avant de pointer vers l’est, se dressent les vastes bâtiments de la ferme du Baraquet. La ferme comporte un petit débit de boisson où les soldats allemands ont souvent fait halte, durant l’occupation, au cours de leurs déplacements entre Rodez et Millau, centre de l’intendance. Leur passage n’a jamais donné lieu à des difficultés.
La mère et les enfants de la famille Juillaguet sont partis arracher des herbes au fond d’un champ de pommes de terre en pente qui commence derrière le bâtiment. De la route et les abords de la ferme, ils sont invisibles.
Ignorant la fusillade de la Franquèse, le mari reste dans la maison, tout comme son domestique.
Au passage de la colonne, vers 15 heures, la maison et les bâtiments sont envahis par un groupe de soldats. Les deux hommes sont saisis, la maison est pillée. A leur retour, la mère était veuve et les enfants orphelins. Le corps d’Emilien JUILLAGUET était découvert derrière la maison, celui de François JULIEN du côté de la grange.
La plaque portant les noms des deux victimes qui avait été placée sur la façade de la ferme a été déplacées à deux reprises. Une première fois, sur un muret devant la ferme ; puis, une seconde fois, en 2022, lors des travaux de réaménagement de la D 911, au débouché de la route allant vers le Bois de Tries, là où elle est actuellement.
19 août 1944 - saint -léons - la tâcherie
La stèle est implantée sur la commune de Saint-Léons, D 911, au sud de la Glène et à la bifurcation de la D 529, en bordure ouest de la route.
Elle est dédiée à la mémoire de deux hommes du maquis F.T.P.F. de Coudols, tués au combat de la Tâcherie, l’après-midi du 18 août 1944 : EANOWKI et ORIGONDI.
En exécution des ordres donnés à Réquista le 17 août par le Commandant « Richard », le Capitaine Wagner, chef du maquis F.T.P.F. de Coudols et son adjoint Jean Aldoza, avec près d’une cinquantaine d’hommes du maquis de Coudols montent le 18, une embuscade à la hauteur de la Tâcherie sur la D 911 entre les deux bifurcations sur Saint-Léons et sur Saint-Beauzély, à une dizaine de kilomètres de Millau. Il s’agit d’attaquer, avec deux groupes, les derniers véhicules du premier convoi de la colonne allemande en retraite sur Millau, après son passage au Bois du Four.
Les hommes du groupe Wagner ont pris position aux abords de la bifurcation de la D 529. La mitrailleuse installée au bord de la route départementale est pointée direction Nord. Ceux du groupe Aldoza sont postés dans le bois parmi des touffes de buis, le long de la route au nord de la bifurcation de Saint-Beauzély. Vers 15 heures, surprise soudaine : un camion de soldats allemands, suivi d’autres véhicules, arrive en direction de Millau, pour porter secours à la colonne bloquée au Bois de Tries ! Les conditions de l’embuscade sont subitement changées. Au bout d’un engagement d’une heure de tirs intermittents, le maquis menacé d’encerclement décroche. Deux maquisards sont tués, EANOWKI alias Partini, un Russe évadé depuis un mois de l’armée allemande et ORIGONDI, jeune Marseillais de 22 ans. Leurs corps dévêtus et mutilés ne seront retrouvés que le 23 août.
19 août 1944 - Le Bois du Four
Depuis son départ de Rodez, le 18 août au matin, le gros de la colonne allemande qui fait retraite sur Millau pour remonter la vallée du Rhône, a stationné le premier soir à Pont-de-Salars et ses abords jusqu’à Bouscayrols sur la R.N. 911. Le 19, elle effectue sa deuxième étape ; celle-ci doit l’amener aux environs du Bois du Four. En fait, la colonne s’arrête un peu avant et passe la nuit à la bergerie des Rauzes. Ni l’Etat-Major départemental, ni les « maquis » n’ont prévu pour elle un déplacement paisible.
Le 19 août 1944, deux sections du Maquis « Arête-Saules », basé à Coursac, ont reçu pour mission de la harceler à son passage au Bois du Four. Vers le milieu de la journée, elles ont pris position. Mais leur dispositif ne convenait pas pour livrer bataille à des troupes venant d’une direction opposée.
Ce n’est pas la colonne en retraite qui, dans l’après-midi, est en situation de subir les tirs des maquisards : c’est une formation allemande motorisée, montée de Millau, pour dégager la route de tout obstacle à sa retraite. Vers 15 heures, la fusillade éclate dans le secteur de l’élément des maquisards chargé de donner l’alerte au cas où l’ennemi viendrait de Millau. Le combat dure plusieurs heures, coupé de brèves accalmies. Le courage et l’âpreté des maquisards, les pertes subies ont sans doute émoussé les combattants des troupes allemandes. Après un combat difficile, l’unité encerclée réussit à se dégager et à rejoindre le campement de Coursac.
La colonne motorisée allemande laisse trente-cinq morts sur le terrain. Les maquisards perdent deux hommes : le Lieutenant Camille CLARÉTO et le soldat Philémon MILLAU. Ils n’ont pas de blessés. Les pertes ennemies sont évaluées à 33 hommes.
19 août - sAINT-Léons - Argols
La stèle est située sur la commune de Saint-Léons, au lieu-dit Argols, à un kilomètre de la D 911.
Un témoin du massacre, Gayraud, facteur à Pont-de-Salars, raconte « (…) Avant la Tâcherie, à l’embranchement de Saint-Léons, des maquisards attendaient. Un camion allemand est passé en retard, ils l’ont attaqué. Un Russe a été tué et un maquisard de Coudols, je crois (…) »
A Boussayrets, tout malheur est écarté grâce à des papiers en règle. Du bout du chemin étroit et encaissé, on aperçoit, en face, la ferme d’Argols, l’aire-sol à l’ouest où, à la batteuse de Juillaguet, s’active une quinzaine de paysans. Soudain, des coups de feu sont tirés par les nazis, sur les travailleurs. Bernard Alric, Gaston Sévigné et le patron de la batteuse se sont sauvés dans les ravins. les neufs autres se réfugient dans la grange comme la veille.. Quelques minutes passent… l’aire-sol est cerné, les neuf hommes sont arrêtés, emmenés sur la route nationale, que l’on remonte vers la Glène sur 500 mètres, puis que l’on quitte pour un terrain vide situé à l’est.
La mère de Grégoire Albert aidait à faire la cuisine pour la batteuse. On lui a dit : « On prend vos enfants car ils n’ont pas de papier d’identité, vous les retrouverez à la Gestapo à Millau. » Elle est allée à leur rencontre là où elle avait vu les camions. Mais arrivée à peu près au bout des sapins, elle a entendu un cri et une fusillade. Ils ont été tués par trois rafales de mitrailleuses. Ils leur ont donné le coup de grâce à la tête.
Ignoble tuerie. Il est 13 heures environ.
Ils ont été lâchement fusillés : Germain BLANC – 23 ans, Emile CAPRAS – 25 ans, Louis GARCIA, 52 ans, Raymond GAYRAUD – 17 ans, GINESTY Louis – 38 ans, GRÉGOIRE Albert – 15 ans, SEVIGNÉ Albert – 19 ans, Louis VAYSSIÈRE – 33 ans – un inconnu.
Le motif de la fixation de cette plaque s’exprime dans le texte gravé : « De cette aire, le 19 août 1944, les Allemands en fuite après avoir arraché brutalement de leur travail de battage : SEVIGNÉ Albert, GRÉGOIRE Albert, GAYRAUD Raymond, BLANC Germain, GARCIA Louis, CAPRAS Emile, GINESTY Louis, VAYSSIÈRE Louis et un inconnu, sont allés sans raison les fusiller à l’endroit où a été élevé à leur mémoire le Monument situé aux Pins. Français n’oublie jamais. »
19 août 1944 - Saint-Léons
Monument à la mémoire d’Henri VALLAGEAS et Paul CULIÉ du maquis de Stalingrad tués au combat
La stèle-monument à la mémoire des deux victimes a été élevée route D 529 de Saint-Léons à la RN 911, vers Millau, à 1 km avant la bifurcation, à la sortie du chemin d’Argols.
Après le massacre de huit agriculteurs à la ferme d’Argols, dans l’après-midi du 19 août 1944, alors que des détachements allemands cherchent sur la R.D. 911 ou ses abords, à assurer la sécurité du détachement du gros de la colonne en retraite sur Millau pour remonter la vallée du Rhône, les maquis du centre et du nord du département, obéissant aux ordres reçus les 17 ou 18 août, se portent à son attaque.
Né à Moyrazès, le maquis C.A.D. « Stalingrad » n’a cessé d’évoluer, du Ségala sur les bords du Viaur ou du Tarn et sur le Lévézou. Son chef « Daniel » et ses hommes veulent s’attaquer à la colonne allemande en retraite. Quatre de ceux-ci, en voiture, ont reçu mission de repérer un lieu favorable à une attaque d’embuscade dans le secteur de Saint-Léons. A son passage, à la sortie d’Argols, sur la D 529, la voiture est prise sous le feu des soldats allemands et immobilisée.
Deux jeunes maquisards originaires de Toulouse sont blessés. Ils sont achevés affreusement mutilés : Henri VALLAGEAS, 18 ans, Paul CULIÉ, 17 ans. Les deux autres parviennent à échapper à leurs poursuivants : l’un, quoique blessé gagne Cauzits, indemne, après avoir infligé une blessure à un ennemi.
20 août 1944 - rousseau
Sur la commune de Saint-Léons, à l’embranchement de la route qui va au hameau de Rousseau, se situe une stèle qui porte une plaque « à la mémoire de HUBAC Pierre« , fusillé le 20 août 1944, à l’âge de 20 ans.
Le gros de la colonne allemande en retraite sur Millau pour remonter la vallée du Rhône est parti de Pont de Salars le 19 août 1944 au matin. Il parvient le soir à Rauzes, avant le Bois du Four sur la commune de Saint-Léons. Il y passe la nuit et, dans la matinée du 20, se met en chemin vers Millau.
Le 20 août, on découvre le corps d’un jeune homme qui a été torturé et fusillé, pris dans des fils de fer barbelés en bordure du chemin vicinal de Rousseau à la ferme d’Agladières.
Il est rapidement identifié. Le jeune homme, réfractaire au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), était « planqué » à la ferme d’Agladières. Il portait le nom d’UBAC Pierre et il était originaire de Toulon. Il n’est pas impossible que sa présence dans une ferme de cette partie du Lévézou orienté vers Millau, soit en relation avec la montée dans la région d’Ouyres-Camarès, à partir de mars 1943 d’un groupe de réfractaires originaires d’Ollioules, près de Toulon.
Rencontré par des soldats allemands qui assuraient sans doute, sur ses flancs, la sécurité de la colonne en retraite, dépourvu de papiers ou identifié soit à un réfractaire, soit à un maquisard camouflé, il a été torturé et probablement fusillé la veille sur place.
Un autre homme, Daniel SIGAUD, est tué ce jour-là dans des circonstances mal élucidées.
Mémorial des pins de Vinnac
Ce mémorial inauguré le 24 août 2019 est situé sur la D 911 à Saint-Léons, le long de la route en bordure des Pins de Vinhac. Dédié aux victimes de la barbarie nazie, il se compose de l’ancien monument existant des Pins de Vinhac et de huit stèles qui l’encadrent. Ces huit stèles correspondent à celles qui jalonnent le bord des routes du Lévézou. L’ensemble a été érigé pour rappeler le martyre des seize civils et des neuf résistants, fusillés ou tombés au combat, au cours du mois d’août 1944, dont les noms sont gravés dans le marbre des neuf stèles du Mémorial.
Le monument central a été élevé à la mémoire des jeunes et des hommes d’âge mûr, arrêtés et tués les 18 et 19 et 20 août 1944 sur la commune de Saint-Léons, alors qu’ils y exerçaient une activité de paix et non de combat. Il a été édifié, à la limite de la commune de Saint-Léons et de Verrières, au lieu-même où avaient été fusillés, le 19 août vers 13 heures, les neuf paysans arrêtés en plein travail de battage à la ferme Gaubert à Argols.