La Résistance sur le Lévézou
Retrouvez ici l’histoire de la Résistance sur le Lévézou pendant la Seconde Guerre Mondiale : les événements majeurs, les maquis, les témoignages, la carte des stèles et monuments commémoratifs du Lévézou…
Les stèles du Lévézou
Durant l’été 1944, l’Aveyron et particulièrement le Lévézou ont été le théâtre de combats opposant l’occupant nazi aux résistants.
Sur le Lévézou, on déplore 48 victimes dont 22 civils entre juin et août 1944.
A la fin de la guerre, 16 stèles ont été implantées sur les lieux de combats et de massacres en mémoire des victimes de la guerre. C’est sur le Lévézou que l’on trouve le plus grand nombre de stèles mémorielles en Aveyron.
Téléchargez la carte « Chemin de mémoire » pour connaître l’histoire liée à chaque stèle du Lévézou.
A chaque stèle sa triste histoire
LA REPRESSION DES CIVILS - 18 juin 1944 à Villefranche de Panat et Saint Martin des Faux
A Villefranche de Panat - Le long de la D44 à proximité du hameau de la Jasse
Inscription : A ÉTÉ TUÉ PAR LES ALLEMANDS LE 18 JUIN 1944
CHAUZIT JOSEPH ÂGÉ DE 14 ANS DE MONTBAZIN HÉRAULT
C’est le 8 juin 1944 que le maquis Jean-Pierre installa son Poste de Commandement à La Besse
(Villefranche de Panat) dans les bâtiments de l’école des frères des Ecoles Chrétiennes et cantonna ses troupes dans les fermes environnantes.
Une véritable vie de garnison ne tarda pas à s’établir dans le village où la population s’habitua peu à peu à voir cette jeune troupe défilant ostensiblement au pas et en chantant. C’est tard dans la soirée du 17 juin que la résistance et les responsables du maquis Jean-Pierre furent prévenus de l’imminence d’une attaque des occupants qui eut en effet lieu le lendemain à l’aube.
Dès le milieu de la matinée du 18, les premiers coups de feu retentirent dans à peu près toutes les directions, annonçant l’arrivée des troupes allemandes descendues de camion à quelques kilomètres de Villefranche et se déployant en tirailleur pour encercler étroitement l’agglomération.
3 jeunes gens qui gardaient les vaches non loin de la ferme du Puech, surpris par l’arrivée des camions militaires, se mirent à courir, ce qui déclencha le feu de l’ennemi. Le jeune Joseph Chauzit, 14 ans, originaire de Montabazin (Hérault), grièvement blessé, devait décéder quelques heures après à l’école de La Besse où il avait été transporté. Ses deux camarades Roger Malié, blessé d’une balle au thorax et Sanch de Lecous, indemne, durent leur salut à la fuite.
Le bilan ne s’arrêta pas là puisque deux jeunes gens d’origine lozérienne, Abel Bonnet et Camille Meissonier, furent aussi tués par les allemands ce même jour à quelques kilomètres. Ils étaient réfractaires au STO, ils ont été fusillés alors qu’ils tentaient de s’évader. La stèle se trouve à la sortie de Villefranche de Panat en direction de Bouloc.
A Saint Martin des Faux
Le dimanche 18 juin 1944, la paroisse de Saint-Martin-des-Faux (communes de Salles-Curan et d’Arvieu), assiste à la procession de la Fête-Dieu. Les participants sont nombreux, ils chantent, certains portent des bannières. Le cortège se dirige vers la statue de la Vierge dressée sur la colline de Saint-Hyppolite qui domine le village. La cérémonie terminée, chacun regagne sa maison, sa ferme ou le hameau voisin. Un avion passe et repasse à basse altitude, il guide des troupes allemandes qui interviennent dans la région de Villefranche-de-Panat contre un
rassemblement de plusieurs maquis. L’irruption des soldats provoque une panique parmi les habitants. Les hommes fuient à travers champs. Les troupes ouvrent le feu et tuent trois hommes de la paroisse. La mémoire collective a gardé le souvenir de trois civils tués par les nazis. C’est ainsi que la plaque commémorative (qui comporte plusieurs erreurs , au pied du monument aux morts de Saint-Martin-des-Faux, mentionne les noms de Marcel Cazottes de Souyris, âgé de 19 ans, Henri Gaubert d’Aussalesses, âgé de 49 ans et Joseph Vigroux de Bonneviale, âgé de 36 ans.
Hélène Fabre, l’institutrice du village des Faux, raconte la découverte des corps : « Enfin, des ronflements de moteur se font entendre, le village redevient calme mais pour peu de temps : après la peur, l’angoisse, c’est l’horreur qui nous attend … Je m’avance sur le portail de la cour, des gens sortent, mais personne ne comprend, chacun a eu sa maison fouillée, une, deux ou même trois fois. Voilà le curé Barthes, il a l’air très préoccupé et nous lance au passage : « Il y a trois hommes dans le blé près du rocher de la Vierge, les Allemands qui ont la cure me l’ont dit, je vais voir ! » (le curé Barthes connait la langue allemande). (…)
Du haut de la colline il appelle : « Venez, il y a trois hommes morts ici ! ». Aussitôt nous allons le rejoindre. (…) Les deux premiers ont dû être d’abord blessés et aussitôt achevés, mais Joseph Vigroux a dû souffrir un long moment avant de mourir, il s’est débattu et, autour de son corps, l’herbe est arrachée sur un rayon d’un ou deux mètres. (….). »
Le combat des maquis
29 juin 1944,une date cruciale dans l'histoire de Pont de Salars
Cette stèle a été édifiée sur la commune de Prades de Salars, en bordure de la D. 911, au dernier tournant de la route en direction de Viarouge.
Elle est dédiée à la mémoire du maquisard Eugène SOBCZYC, tué au cours d’une embuscade montée après un sabotage de ligne téléphonique souterraine allemande.
Le 29 juin 1944, en matinée, une vingtaine d’hommes du maquis F.T.P. « Alfred Merle » de Coudols effectuent un important sabotage sur la ligne souterraine du téléphone qui, par Albi, Rodez et Millau, relie le P.C. du Général Blaskowitz, commandant le groupement d’Armée « G » à Toulouse au P.C. de la 19ème armée allemande près d’Avignon. Ils le pratiquent en un point qui peut permettre un double objectif : coupure des communications téléphoniques sur une ligne importante, récupération éventuelle de quelques armes qui font défaut.
Le sabotage effectué, le groupe ne quitte pas le terrain. Il l’occupe et organise une embuscade contre l’équipe de réparation et le groupe militaire de protection qui ne manqueront pas d’arriver dans les heures qui suivent. Effectivement, quand les Allemands arrivent au point de sabotage, leur camion est pris sous le feu des maquisards. Expérimentés, les soldats allemands se déploient rapidement et le combat s’engage. Il dure une demi-heure, jusqu’au décrochage des « maquis ».
Au cours du combat, le maquisard « Marius » a l’audace de courir au camion allemand en se dissimulant, d’y grimper et d’enlever un fusil mitrailleur. Au cours d’une deuxième tentative pour s’emparer des munitions, il est atteint et tué par une balle ; un de ses camarades est sérieusement blessé.
Du côté allemand, il y a des victimes aussi, notamment la mort de l’adjudant qui commande le détachement.
Conséquence : la population de Pont de Salars durant deux heures, la nuit venue, vivra sous la menace de l’incendie du village. jean Amans, Docteur et maire du village parviendra à les sauver au terme de longues négociations.
Le Maquis de Coudols ou maquis Alfred merle : 28 juillet 1944
Le 28 juillet 1944, le chef du maquis de Coudols répartit les 50 hommes qui forment ce maquis en 3 groupes et, les positionne sur 3 pitons alentours :
- Cadouls
- La ferme des Bouysses
- La Bergerie d’Ourtiguet
Fernand Grimal, dit « Leduc » dernier survivant du maquis témoigne :
« Fatigués par différentes missions effectiées les jours précédents, la plupart des homme s’était endomis ainsi qu eles sentinelles aux avant-postes.
A la pointe du jour, une colonne de camions allemands chargés de dizaines de soldats glissent sans bruit, moteurs arrêtés, sur la route à proximité du sentier menant à la bergerie… Débarqués à 300 ou 400m de la grange, les soldats encerclent la bâtisse, s’approchent en silence, défoncent la porte et tirent à l’arme automatique, saisissant dans leur sommeil 6 francs-tireurs impuissants à réagir :
- Albinet Jules
- Marty Camille
- Guillot Léonce
- Atger René
- Rudelle Paulin
Cinq sont à l’intérieur, ils sont tués l’un après l’autre d’une balle dans la nuque. leurs cadavres sont jetés dans la grange. Des grenades sont lancées à l’intérieur, tout saute et prend feu.
Le 6ème maquisard est achevé sur le chemin.
Les survivants appendront quelques jours plus tard que l’un d’entre-eux, « Marcel », les a trahis. Il a donné aux Allemands la position exacte du groupe qui stationnait à la bergerie d’Ourtiguet, et a même servi de guide.
Tous les autres maquisards ont pu s’échapper et sauver tous les documents et argent du groupe.
Une trentaine de paysans des environs seront arrêtés, interrogés et emmenés en otages à Millau. Ils seront relâchés le lendemain. »
La Bergerie d’Ourtiguet a été reconstruite plus tard par son propriétaire et témoigne aujourd’hui par ses plaques de marbre du sacrifice de nos compatriotes pour la reconquête de la liberté. Chaque année, Fernand Grimal, accompagné de ses copains du Rhin et Danube et de l’ANACR ( Association des Anciens Combattants de la Résistance) viennent fleurir la stèle à la mémoire des victimes.
1er août 1944 - le bois de tries
La stèle est érigée à la mémoire de trois victimes tombées le 1er août 1944 dans un combat d’embuscade contre les troupes allemandes.
L’action envisagée et préparée pour le 1er août sur la D. 911 par les commandants René FABRE et « Antoine » a pour but l’enlèvement du préfet de l’Aveyron, CHAPRON, présumé milicien, qui a remplacé le préfet Louis DUPIECH, arrêté le 14 mai à la préfecture et déporté à Neuengame. Venant de Montpellier, le nouveau préfet rejoint son poste ce jour-là à Rodez.
Ce 1er août, à 5 heures du matin, deux sections VENY du maquis de Villelongue commandées par le capitaine « Olivier » DIET, dont le convoi a cheminé depuis Regardet, puis Villelongue par Salmiech et Curan, ont pris position face à l’est à 3 kilomètres de Viarouge, à l’orée du Bois de Tries, en contrebas de la route nationale et au débouché de la route de Curan. Composé d’une centaine d’hommes, ce dispositif attaque par surprise une colonne allemande, composée de quatre camions, venant de Rodez et se dirigeant vers Millau pour remonter la vallée du Rhône.
Au bout de cinq minutes de combat, le maquis doit faire face à un deuxième convoi composé de deux voitures et de quatre camions. Le combat s’engage, acharné, de part et d’autre de la route et dans les broussailles. Le maquis décroche. Il y a trois tués : René DOBRAZAC, Marcel KELLER, Julien RENARD, qui sera relevé le lendemain, le corps percé de coups de baïonnette. Deux autres maquisards sont gravement blessés. Les pertes allemandes sont très lourdes : plusieurs vingtaines. Le maire de Pont-de-Salars en comptera vingt-deux sur un camion.
Sur ce combat, laissons à Sylvain DIET, le soin de conclure : « Cette opération, minutieusement prévue au départ pour l’attaque d’un convoi présumé milicien, se transforme, au dernier moment, en une intervention improvisée qui, cependant, tourna à notre avantage et fut, d’autre part particulièrement efficace (…) D’abord, le préfet n’était pas du tout milicien (…). D’autre part, ce 1er août, un échange de prisonniers devait avoir lieu au Bois du Four, où attendait le docteur Testor, chef du maquis de Lavernhe (…) et il semble bien que le convoi allemand venait attaquer le docteur Testor et ses maquisards, au Bois du Four. Il est donc probable que l’action du Bois de Tries a sauvé la vie au groupement Testor. »
6 août 1944 - Bonnecombe
Le 6 août 1944 au matin, une colonne blindée de 25 véhicules ou engins qui, la veille a stationné à Réquista, entame sa marche vers Rodez avec pour mission de nettoyer la région des bandes de « terroristes ».
Vers 16h, la colonne arrive près de Bonnecombe après avoir combattu sur le trajet. Sur ordre du Commandant Puget, une embuscade a été tendue à la carrière de pierres par deux groupes de l’O.R.A. : celui de Magrin et celui d’Arvieu. Un rocher miné devait barrer la route en tombant mais la mine n’explose pas.